Nine Eleven - Use Your Disillusion (2007)

2007/I For US-Break Out (Europe), Guerilla Asso-STS Network (France)

Ce premier méfait "longue durée" (en langage hardcore, attention), successeur du EP inaugural King for a Day, Ghost for a Lifetime, pose les bases impressionnantes d'un groupe qui dispose d'une force de frappe déjà conséquente. Les compos sont hyper carrées et il est bien difficile d'y entrevoir la patte d'une formation "débutante" : Use your Disillusion n'a rien du premier album-type tant la petite demi-heure de déferlement sonique qu'il propose en balance plein la tronche sans véritablement permettre aux critiques patentés de se mettre grand-chose sous la dent. Même l'étiquette pourtant peu péjorative de "groupe prometteur", qui cache parfois, il est vrai, des relents de "c'est pas encore ça mais pourquoi pas sur les prochains", ne peut décemment être accolée aux Tourangeaux à l'époque sans masquer une certaine sous-estimation de leur potentiel. "Dead already" met ainsi tout le monde d'accord du haut de ses 3'19 inauguraux : on y retrouve certains éléments immédiatement reconnaissables de la griffe Nine Eleven, batterie déchaînée pied au plancher, riffs destructeurs, chant hyper entraînant, ambiance schizophrène au sein d'un morceau, tout y est (déjà). Ceci dit, concernant le dernier point, celui des atmosphères, nous pouvons cette fois admirer l'effet d''un groupe réellement "prometteur" (surtout quand on connaît la suite de sa carrière) : nos éclectiques hardcoreux, créatifs et engagés, se feront fort, par la suite, de faire perdurer ce sens de l'innovation et de la surprise en étendant largement leur champ d'action dans le domaine, s'éloignant considérablement des poncifs du genre (voir reviews des skeuds suivants, City of Quartz, 24 Years, le Rêve de Cassandre et Sentinels). Singalongs, plans émo, cassures, richesse mélodique, accélérations meurtrières, accords dissonnants, accalmies jouissives -puisque suivies de défouloirs en guise de contre-attaques-, harmoniques, rythmiques XXL servies par un super son, j'en passe), Use your Disillusion aurait pu être la figure de proue, le point d'orgue, le zénith de la carrière d'un paquet de "gros" groupes dont on taira le nom pour éviter que leurs membres éminents (membres du groupe hein, pas membres des zikos) ne s'étranglent en lisant ce brûlot, buvant leur verveine allongés sur une peau d'ours en cachemire. Il ne sera "que" le premier jet d'une association de mâles fêteurs, d'un collectif bourré d'intelligence et d'intentions, avec un vrai sens de l'humour, qui passe son temps à régaler sur scène en toute simplicité (humaine, pas musicale), à mille lieux des postures et guerres de clocher, avec pour seules priorités la création et le partage.

Une entité unique, qu'on vous dit.

Syl Alba

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