Almøst Human - Ø (2012)

Encore un groupe suisse, encore une superbe découverte. Alors que les Coilguns nous abreuvent régulièrement de sorties explosives et qu'une interview de ses membres devrait nous apporter une certaine vision de leur microcosme métallique (entre autres), d'autres furieux helvétiques débarquent pour apporter de l'eau au moulin (et de quelle manière !) et leur concours à l'état des lieux que nous pourrons établir à propos de leur(s) scène(s).

Là où les méandres de leurs collègues pré-cités peuvent à la fois éblouir ou perdre le fan potentiel, la musique de Almøst Human, et plus particulièrement leur EP Ø, relève moins de la montagne russe mais sait dans le même temps varier les plaisirs et les sensations qu'elle offre. Pour partir sur une autre analogie, avec nos nordistes d'Oddism cette fois, Almøst Human rappelle lui aussi, par moments, le controversé néo métal, à la fois différemment sur la forme et d'une manière similaire sur l'intelligence de la mise en place de ces séquences. 

Des styles musicaux, les quatre grosses pièces de Ø ("Normosis" est largement la plus courte avec 5'20 au compteur) et l'interlude "Morning Star" en exploitent pas mal, avec bonheur. Les musiciens ont élaboré des morceaux inspirés et assurent leur interprétation avec une grande maîtrise. Synthèse du meilleur des années 90 et 2000 (Pantera, Machine Head, Fear Factory... Pas besoin de vous faire un dessin), le résultat est extrêmement convaincant et sublimé par les capacités vocales de Ben. C'est simple, le monsieur fait à peu près ce qu'il veut quand il veut, avec une aisance apparente déconcertante, et apporte une sacrée plus-value à l'ensemble. Pour reparler de néo-métal, Ben évoque par exemple les vocaux de feu Chester Bennington quand il évolue dans ce registre, un frontman qui était qualifié de "one-in-a-million singer" dans Terrorizer à la sortie du premier album de Linkin Park. 

Si on ajoute que Ben peut également faire penser à Phil Anselmo ou concurrencer les cadors du grunge comme Layne Staley ou Scott Weiland (l'intro de "Obey, Consume Or Disappear"), on commence à imaginer l'ampleur de ses qualités. 

Nous stopperons néanmoins là les comparaisons, tant il est évident que le vocaliste marque d'une empreinte différente chaque piste et que l'auditeur peut s'amuser à déceler des ressemblances avec un paquet de sommités métalliques. Ceci nous amène bien sûr à réclamer que cette performance déclinée sur quatre morceaux le soit à nouveau sur une dizaine cette fois, le plus vite possible. La chance veut justement que le groupe y travaille en ce moment. 

Mais terminons notre passage en revue avant de demander de plus amples renseignements à ce sujet à Olivier, guitariste de son état, membre originel de AH -qui a fait une longue pause après sa création dans les nineties, pour renaître en 2008- et porte-parole de la formation suisse. 
 

Almøst Human nous offre ici un métal moderne chirurgical à la fois, vous l'aurez compris, référencé et très diversifié. Les cinq Romands ont produit un disque superbe (sur le fond comme sur la forme, le digipack en relief étant particulièrement réussi) au sein duquel ils oscillent entre plans rock, passages planants et agressions exécutées dans les règles de l'art. Outre la performance de Ben, il faut noter le caractère implacable des zikos : rythmiquement parlant, on a affaire à du très lourd, que ne renieraient pas les Burton C. Bell, Cazares et autre Herrera. Assurément, Ø saura vous ravir et vous faire patienter jusqu'à la sortie de la nouvelle livraison, full-length cette fois (oui, on attend la nouvelle des Romands, c'est hilarant ! Mais tellement vrai...)

Almøst Human, almøst perfect !

Syl Alba

Plus d'infos sur Almøst Human ici

Et pour découvrir sans plus attendre le premier pavé du EP, c'est en-dessous !