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Albacore

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[p.u.t] - We Are (br)others (2019)

Publié par Syl Alba sur 29 Juin 2019, 09:56am

Catégories : #Albacorpse

[p.u.t] - We Are (br)others (2019)

2019/Cursed Monk Records

Il est toujours sympa d'aborder la chronique et par conséquent l'univers d'un groupe mystérieux et iconoclaste, à la croisée des chemins. De la diversité, un foisonnement d'influences, c'est exactement ce que vous proposent les trois frangins qui composent [p.u.t] lorsqu'ils se réunissent pour perpétrer un indus-metal sludgy... Des familles, forcément. Concernant ces influences, justement, les plus proches des sphères industrielles, comme Scorn ou Godflesh, ne comptent pas parmi mes artistes de chevet (pour l'instant en tous cas, ça peut évoluer très vite !) mais l'éclectisme forcené des frères Beyet et leur volonté de pratiquer le mélange de genres m'amène également sur des contrées un peu moins exotiques (Will Haven, les Thugs, Pitchshifter, Sleeppers, Girls Against Boys). Dans l'ensemble, on décèle une certaine affection pour les pourvoyeurs d'atmosphères étouffantes, de dissonances,  d'expérimentations et de réalisations singulières, loin, très loin des sentiers battus.

Combo aguerri, [P.u.t] sait exactement où il veut y aller et comment il veut y aller, et sait aussi ce à quoi il ne veut pas recourir pour parvenir à ses fins, par exemple des titres racoleurs et sentant la compromission à plein nez. Sa musique se mérite, et il n'est pas impossible qu'il faille s'y reprendre à plusieurs fois pour réellement rentrer dans son pré carré, ce qui n'est absolument pas une mauvaise chose en soi. Tout le monde ne peut pas avoir envie de devenir Sum 41 et de proposer du plug'n play immédiatement fédérateur, mais sans véritable profondeur. D'un autre côté, malgré l'évidente maîtrise des codes et des influences (même si, je le répète, certaines me sont moins familières que d'autres, mais il y a des signes qui ne trompent pas), nul besoin d'avoir écrit une thèse sur l'évolution de la musique industrielle à travers les âges pour conclure que We Are (br)others est un album agréable à écouter dès le premier abord, varié, riche, divertissant. Et bien produit, également. Si vous faites partie de ceux qui sont plus rompus à ce genre d'exercice de style, vous accéderez en quelque sorte au niveau deux de lecture, en décelant telle ou telle référence au fur et à mesure, et surtout en reconnaissant la performance,  l'amalgame réussi de celles-ci et la faculté de nos voisins à marquer le disque de leur propre empreinte.

Il faut dire que le patchwork d'émotions est étoffé ici, et que l'entité sait s'y prendre pour vous concocter un parcours mouvementé à travers ses titres : l'inaugural "In Control" vous agrippe d'entrée pour vous restreindre du point de vue respiration et liberté de mouvement (ça commence mal !), son travail de sape est perpétué par le morceau suivant, "Nothing", nanti de ses sonorités dérangeantes, de ses dissonances qui vous vrillent la tête et de son chant peu engageant ("Down", un peu plus tard, agitera à nouveau le drapeau de ce metal indus pour le moins malsain), "In Conflict" vous entraîne sur le terrain d'un metal hybride, imprévisible, ultra-dynamique et barré, "Oppressed" vous fera danser (voix trafiquée, riffs catchy, rythmique entraînante, le coktail est plus que réussi), "Here" vous plongera dans une salle d'attente de laquelle vous ne sortirez que pour être malmené par "Angry" et ses six minutes (volontairement) laborieuses, "Possessed" vous fera bifurquer vers des contrées post-metal, tandis que la wah-wah et les hurlements de "Dog", assortis du futuriste mais inquiétant "Pain", vous raccompagneront vers la sortie, sans pour autant montrer quelque signe rassurant ou déployer quelque amabilité superfétatoire. 

[p.u.t] ne cherche pas à vous faciliter la vie. Ce n'est pas Moltonel, Épéda, la Sécu ou votre prof de yoga. Les frères se sont une nouvelle fois (très honnêtement, je n'ai pas encore pu me poser "tranquillement" (?) sur toute leur discographie (Damn), mais quelque chose me dit qu'ils n'en sont pas à leur coup d'essai) réunis pour vous tourmenter (qu'est-ce que vous voulez, c'est leur truc, et ils savent bien le faire) mais aussi vous faire voyager et découvrir des recoins inexplorés, ou en tous cas peu fréquentés. Quelque part, ils vous veulent du bien. L'essentiel est juste de s'en rendre compte et d'accepter que cela ne saute pas aux yeux dès les premières secondes. Vous n'en serez que plus édifié ensuite, et aurez trouvé une nouvelle façon d'égayer (bon, ok, l'expression est peut-être mal choisie) ou en tous cas d'animer vos soirées. Au nom de tous les artistes dont vous n'entendrez jamais parler et qui auraient largement pu vous divertir, ainsi que vous ouvrir à d'autres horizons, donnez au moins une chance à cet album. Au risque de paraître désuet (m'en fous, je suis pas à ça près), c'est pas cher*, et ça peut rapporter gros.

Syl Alba

 

L'huile de foie de morue est ici

*Putain, vous plaignez pas, elle est gratuite (si vous l'avalez digitalement).
Dans le cas contraire, il existe plein de configurations pour commander les cds, ruez-vous dessus une fois que la première cuillerée est passée...

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