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Albacore

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Mercyless, un combat sans mercis

Publié par Syl Alba sur 7 Mars 2021, 18:15pm

Catégories : #Albhatröss

Un groupe qui n'a pas attendu les remerciements et les honneurs pour remettre tout le monde d'accord

Un groupe qui n'a pas attendu les remerciements et les honneurs pour remettre tout le monde d'accord

Mercyless est une formation incontournable du paysage métallique français depuis sa création en 1987. Pourvoyeur de death metal et de disques cultes depuis Abject Offerings en 1992, le groupe a d'abord changé de cap avec C.O.L.D (1996) et Sure To Be Pure (2000), puis disparu des radars. Depuis dix ans, il est de retour aux affaires dans son style de prédilection en enchaînant les sorties, dont trois full-length internationalement et unanimement reconnus.

C.O.L.D., sorti en 1996 chez System Shock. L'album sortira plus tard avec un autre artwork, sous le nom de Cold.

C.O.L.D., sorti en 1996 chez System Shock. L'album sortira plus tard avec un autre artwork, sous le nom de Cold.

Opération de réhabilitation ? Pas vraiment, chacun verra midi à sa porte. Il est évident que les (nombreux) albums cultes strictement death metal des non moins cultes Mercyless éclipsent C.O.L.D du point de vue de la notoriété et de l'accueil reçu auprès du public, et que ce vilain petit canard né en 1996 n'est plus au centre des attentions depuis des décennies. Néanmoins, le but n'est pas ici de convaincre les puristes qu'ils doivent redonner une chance à ce fils des nineties empreint d'une multitude d'influences aussi diverses que surprenantes. Ce serait, dans la grande majorité des cas, peine perdue. L'objectif est donc, comme souvent sur Albacore pour les articles « revival », de redonner un peu de lumière, non pas à un groupe cette fois, Mercyless étant actuellement sous les feux de la rampe avec un The Mother Of All Plagues récemment acclamé, mais à un disque passé sous l'éteignoir, et de permettre à celles et ceux qui le souhaiteraient, toutes générations confondues, de s'enquérir de sa qualité et de ses spécificités. Concernant ces dernières, on peut dire qu'elles sont en 1996 clairement dans l'air du temps, un temps de changement, d'expérimentation et de velléités de découverte, voire de transgression. Le thrash groovy de « Abortive Attempt » annonce la couleur du skeud, ou plutôt l'une des couleurs, car C.O.L.D s'avèrera kaléidoscopique du point de vue des directions stylistiques. Entre deux headbangings compulsifs, on remarque que le chant nous fait fortement penser à Mark Mynett, en rappelant bien sûr que Kill II This n'a explosé que plus tard (Deviate date de 1998).  Ceci n'est par contre qu'un fragment de ce qui sera proposé, tant la prestation vocale de Max Otero nous emmènera vers d'autres contrées (rien que la conclusion contemplative de ce titre inaugural nous le prouve). S'il n'est plus foncièrement death metal, Mercyless n'a pas rendu les armes pour autant ; il les a juste modernisées et diversifiées, et quant à savoir s'il les a adaptées au public, il y a un pas que je ne franchirai pas. Bien malin, en effet, qui peut déterminer avec certitude les raisons de tel ou tel virage chez un groupe. Pour ma part, j'ai toujours pensé qu'il était naturel de chercher à évoluer, voire à surprendre, quitte à déconcerter, donc je suis généralement loin d'être étonné par les sorties audacieuses d'alors, et encore moins outré, comme une bonne partie de la génération qui m'a précédé a pu l'être (je me suis intéressé au metal extrême à partir de … 1996, à l'âge de 16 ans). Difficile de dénigrer les titres qui ont bercé votre jeunesse, d'autant plus que ces morceaux iconoclastes inondaient les samplers de l'époque, dont l'incontournable Metal Explosion de Metallian. C'est d'ailleurs sur le 4ème volet de cette mythique série qu'on retrouvait le tonitruant et prenant « Dorian » que nous sommes nombreux à avoir toujours gravé dans un coin de la tête. Avant ce pan de nostalgie, on retrouvait avec « If They Live In Ecstasy » une partie de ce qui pouvait hérisser les amateurs d'extrême inflexibles, le côté lent et saccadé qui couplé à ce chant déstabilisant pour eux a dû sonner le glas d'un paquet de sessions d'écoute les mois suivant la sortie de C.O.L.D. Si on peut estimer qu'il y a une grande quantité de tentatives sur ce dernier, et que les Alsaciens n'étaient peut-être pas encore allés au bout de chacune de leurs idées, force est de reconnaître malgré tout que la majorité de ces essais sont convertis, souvent avec brio. Ce n'est encore que mon avis, mais pour un ou deux moment(s) où je ne saisis pas forcément ce qu'un groupe essaie de me dire, s'il me scotche les dix fois suivantes, je signe tout de suite. Entre ce genre de disque et un autre qui reste constamment dans les clous pour ne pas déborder, il n'y a pas photo. Tout ceci relève de toute façon du chipotage puisque je ne suis même pas sûr de parvenir à identifier les bribes approximatives de ce 3ème album si on me le demandait. La guitare ultra-inspirée de « Neutral » et ses magnifiques ambiances (il n'y a que moi qui entends le regretté David Gold de Woods Of Ypres à un moment ? Même si, comme pour Kill II This, Mercyless était là avant), le monumental « Fluids », adoubé même par les détracteurs de l'album, l'efficacité de « AP4NP » (en roulant quasiment au pas, eh oui, c'est possible), le bouquet final « Still Life », avec son clavier onirique, je m'arrête là, vous ne trouverez rien à jeter ici, dès lors que vous adhérerez un tant soit peu à la démarche. Le clavier, un instrument qui a certainement cristallisé une partie des critiques quand le benjamin a vu le jour, alors qu'il est toujours utilisé à bon escient, sans que cela dégouline, et contribue à la grande cohérence de l'ensemble, tout en surlignant son inventivité. Quoi qu'il en soit, on ne refera pas l'Histoire. A l'instar de certains de ses illustres collègues, la horde de Mulhouse a fait des choix radicaux, payants niveau musical (subjectivité, quand tu nous tiens), moins niveau plan de carrière, mais après avoir essuyé les plâtres elle s'est relevée et a repris la place qui lui revient, le piédestal des chefs de file du metal extrême hexagonal. Fin du débat. Je ne jouerai certainement pas les moralistes de pacotille car j'ai bien conscience que pendant que j'écoute en boucle ces disques mal-aimés, je laisse de côté des classiques du genre (dont certains issus de la même fratrie que C.O.L.D) Je suis juste configuré comme ça, et ceux qui dédaignent les rondelles-ovnis et les galettes marginales ont leur propre configuration, que je respecte pleinement. Il faut de tout pour faire un monde. Notamment beaucoup de C.O.L.D pour que ce monde en question soit moins froid.

Syl Alba

Ce titre, que l'on retrouvait à l'époque sur Metal Explosion, contient un grand nombre d'éléments qui font la force de ce disque, ou qui dérangent ses détracteurs

Vous pouvez suivre Mercyless ici et écouter leurs prods, dont C.O.L.D, ici

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