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Albacore

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Science Against Spheric Silence - Layers (2016)

Publié par Syl Alba sur 3 Février 2019, 17:01pm

Catégories : #Albaroc

Science Against Spheric Silence - Layers (2016)

2016/Autoproduction

 

Depuis pas mal d'années, la rumeur enflait dans le Boulonnais : un groupe de p'tits jeunes commençait à sérieusement marquer les esprits en se produisant un peu partout et en proposant une sorte de (rien de péjoratif mais vous savez que c'est, les récits de concert, ça commence souvent par "c'est une sorte de ...") post-rock instrumental d'obédience math rock (ou l'inverse). Un beau jour, j'ai finalement pu juger sur pièces : superbe set au Poulpaphone, jadis rendez-vous incontournable pour découvrir pléthore d'artistes complètement dingues et avant-gardistes, et désormais rendez-vous incontournable pour revoir les potes une fois par an (les chroniques, c'est bien mais c'est chron-ophages) ET éventuellement voir à l'oeuvre deux ou trois troupes détonantes, mais généralement moins iconoclastes que ce que les premières éditions du festoche nous donnaient l'occasion de nous prendre dans la gueule.

 
Superbe set, donc. De l'aisance, de l'énergie, de l'inventivité, pas de références trop évidentes (le créneau est pointu, si vous aimez les acronymes, vous pouvez par exemple checker ASIWYFA, pontes du style dont j'ai dégoté le nom dans le FFO des pages des Boulonnais mais que je ne connais pas plus que vous, malgré mon goût prononcé pour cet univers, ou EITS, cités en entier un peu plus loin dans cette review), influences digérées, identité prononcée (pardon ? "Identité remarquable". Hahaha. Excellent. J'ai pas compris, j'ai fait L, sorry), bonne humeur communicative, rafraîchissante, envie de les revoir rapidement, mission accomplie. D'ailleurs, si vous voulez que je continue de m'adonner (non, cela ne veut pas dire "parler de Madonna") au name-dropping, on peut relever pas mal de similitudes avec le très bon Frankie Goes To Pointe-à-Pitre, un parallèle que je ne pouvais passer sous silence puisqu'ils ont partagé, me semble-t-il, l'affiche avec SASS au Poulpa cette année-là (pas sûr du tout que c'était la même année et pas envie de vérifier pour une fois, qu'est-ce que vous voulez ma p'tite dame, la vie est tellement formatée de nos jours, un peu de frisson, d'imprévu, n'est-ce pas ce à quoi vous aspirez chaque matin en vous levant ? Et sinon, comment vous faites pour vous protéger de la pluie avec ce sachet plastique, c'est rigolo ça ! J'ai déjà essayé mais je n'ai pas votre dextérité. Bref.)*
 
Il était plus que temps de poser une oreille sur Layers, leur premier album. Inutile de dire que je ne nourrissais pas beaucoup d'incertitudes par rapport à ce disque : même s'ils sont loin de le laisser paraître, je soupçonne les quatre de se laisser aller à un certain perfectionnisme de temps en temps. Et s'ils ne le font pas exprès, dans ce cas, attention, messieurs, vous frisez l'insolence. 
 
Variées, fouillées, maîtrisées, les huit compos impressionnent, forcément. Bien loin de donner dans la démonstration de force, SASS distille ses munitions avec parcimonie et subtilité et donne plus envie de fermer les yeux pour se laisser porter, charmer par les ambiances que de les écarquiller en criant au génie sur tel ou tel plan : on pourra toujours le faire, mais une fois la quarantaine de minutes écoulée dans le sablier, pour rendre hommage à la singularité et à la cohérence de l'ensemble.
 
Quelle maturité dans la mise en place, les duels de guitare (distordue ou cristalline), les enchaînements, le jeu de batterie, les envolées à la basse, le son obtenu. C'est bien simple : on se retrouve devant un album de briscards. Ou, pour être plus précis, un album qu'un grand nombre de vétérans aimeraient ou auraient aimé sortir un jour. Le recul et le savoir-faire sont époustouflants ; cumulés, les deux donnent un résultat brillant. 
 
Du Envy sans les cris écorchés, du Mogwai avec injection de fun en supplément, Sigur Rós, Explosions In The Sky (vous vous rappelez ?), Radiohead (la bande au old Yorke est pratique pour donner une quelconque idée à tous ceux qui ignorent ce que "post-rock" signifie, les plages très planantes sur OK Computer par exemple), voici quelques balises pour situer l'univers de SASS mais peu importe au final, retenez juste qu'une escouade de jeunes (et oui, même avec le temps qui passe, j'ai pris ma calculette solaire, j'ai attendu quelques semaines qu'elle puisse fonctionner, et je suis arrivé à la conclusion formelle qu'ils étaient encore jeunes !) du 6-2 a frappé fort pour son coup d'essai, qui s'avère aussi spectaculaire qu'éthéré, aussi virevoltant qu'onirique. Oui, on parle d'un genre cyclothymique, alors il est bien difficile de lancer une sentence définitive sur la teneur d'un "long-métrage" (on n'avait pas encore évoqué le potentiel en tant que bande-son pour le grand écran, c'est fait) surtout que, comme on l'a précisé plus haut, les loubards apportent leur touche personnelle. Forts d'une bonne soixantaine de concerts depuis leurs débuts scéniques en 2013, les SASS disposent d'encore plus d'atouts pour pondre une suite qui pourraient bien dépasser les espérances. Mais en parlant d'espérance, croisons justement les doigts, et espérons que ce second opus fasse partie des projets du groupe et soit officiellement dans les cartons. Si c'est le cas, tous les voyants seront au vert, car il est plus que probable qu'il en fera un. De carton.
 
Ô joie, ô bonheur, ô jeunesse ennemie, que je vois traverser à deux à l'heure alors que j'ai le feu vert et que j'écarterais bien d'une balayette apprise lors d'un épisode du Chevalier Lumière (rigolez pas, c'est à cause de lui que je me suis mis au sport, il y a plus de trente ans). Ô joie, disais-je, je sais qu'il me reste le premier quatre-titres de SASS à découvrir, et tandis que certains hurlent sous tous les toits qu'ils ont gagné au loto (et alors ?), personnellement je me réjouis d'avoir encore un bon quart d'heure à me glisser dans les esgourdes (mon grand-père c'est le Capitaine Haddock, il m'a forcé à apprendre le français désuet) et je sais d'avance que je vais encore jurer (d'autres restes de mon grand-père) devant tant de précocité, d'insouciance et de talent. 

Syl Alba
 
Il faut savoir tendre la joue dans la vie, viens prendre ta claque
 
 
*Pour la petite histoire, il semblerait que SASS n'ait pas foulé les mêmes planches que FGTPàP, pas sur la même édition en tous cas.
Par contre, ils semblent avoir ouvert pour Crisix. Il semblerait que c'est bien aussi.
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