Lewis, nouveau roi ?

Lewis a de sérieux arguments à faire valoir pour devenir un poids lourd du paysage musical, avec un univers paradoxalement si léger et aéré

Lewis est la tournure solo des aventures musicales de Lewis Feraud, évoluant par ailleurs dans Tense of Fools (dont les membres l'épaulent dans le projet qui porte son nom, ou plutôt son prénom) et dans Bachir Al Acid. Ce périple est placé sous l'égide du rock psychédélique, progressif, garage ou folk, autant dire qu'il vaut mieux se faire sa propre idée soi-même pour obtenir une juste perception de ce qu'il propose. Surtout que ces quelques étiquettes ne couvrent pas toute l'étendue de son champ d'action... 

Inside, premier album solo sorti en mars 2021 (Klonosphere/Season of Mist)

Pour éviter toute complication, débarrassons-nous d'entrée de toutes les considérations de catégories et de la batterie d'étiquettes qui pourraient s'entrechoquer sans discontinuer au moment d'évoquer les titres composant Inside. Lewis est trop ouvert sur l'extérieur, trop enclin à suivre une multitude de voies au gré de ses envies et de ses inspirations pour que l'on cherche toutes les trente secondes à jalonner son album de termes prédéfinis et de carcans limités. Celui ou celle qui veut passer un bon, un excellent moment en sa compagnie acceptera de laisser ses instruments de mesure et ses arguments réducteurs au vestiaire avant de pénétrer dans cette galerie d'émotions. Evidemment, avant de franchir le pas, il sera préférable de s'assurer que l'on possède une  chose : l'ouverture d'esprit. Dès lors que la réponse est positive, il n'y a plus qu'à se laisser aller, en fermant les yeux pourquoi pas, afin de commencer à voguer et suivre docilement les courants, parfois animés, parfois d'un calme olympien (Lewis est marseillais, d'ailleurs), jamais véritablement agités. Il existe une réelle atmosphère de sérénité dans cet album, mais également de partage, tant les idées, les velléités d'aborder telle ou telle direction, semblent nées pour nous échoir, comme des plumes qui atterriraient les unes après les autres sur notre palier et s'amoncèleraient, petit à petit. Les mentors sont nombreux, les ressemblances avec d'autres fréquentes, mais c'est le résultat qui nous importe, ce disque aussi bigarré que cohérent, car à son écoute on oublie le reste pour nous contenter d'apprécier les instants passés en sa compagnie. Il faut dire que Lewis, bien aidé par sa team et sa cohorte d'invité.e.s, s'invite ici à la table des plus grands et les contemple d'ores et déjà les yeux dans les yeux. N'y voyez pas de notion de compétition, juste une irrépressible envie de transmettre une infinité de sentiments au plus grand nombre, un besoin urgent, qui sonne comme une évidence. Avant que vous ne ressentiez, vous, l'envie impérieuse (mot à la mode en ce moment) de confier au clip ci-dessous la mission de vous informer plus précisément, en pestant de ne pas être plus avancé qu'au début de votre lecture, voici quand même quelques cailloux disséminés sur le sol pour vous aider à trouver votre chemin plus facilement : Jeff Buckley, Radiohead, Pink Floyd, Steven Wilson, Rover, Kigayaku Moyo. Si on n'est pas plus édifié avec cette liste, ce n'est pas bien grave : Lewis, c'est tout ça, et tellement plus. Ou tellement autre chose. Non, vraiment, prenez le temps de mener votre enquête. Comme le dit une autre expression ayant le vent en poupe ces derniers temps, vous n'êtes pas à l'abri de passer trois quarts d'heure mémorables. Avouez-le, vous ne risquez pas grand-chose. Et quand bien même : il y a un autre proverbe qui dit... Etc etc.

Sy Alba

Vous voulez d'autres mots-clés ? Diantre, quelle gourmandise (on dirait "quels morfals" dans mon coin) ! Onirique, éthéré, Winston (Charlie, pas Churchill)... Voilà, c'est tout !

Lewis a ses quartiers ici et au sein de la Klonosphere.