Government Alpha, l'Harsh de Noé

Les sons les plus étranges et les plus inquiétants ont embarqué à bord de ce mystérieux vaisseau fantôme nommé Government Alpha

Government Alpha est le projet principal de Yasutoshi Yoshida, artiste noise japonais à la discographie fourmillante qui gère également un label nommé Xerxes. Bienvenue dans le monde du harsh noise, dans lequel cette entité sévit depuis bientôt trente ans.

Affective Imagery est sorti en 2020 chez Abhorrent Creation Tapes

Avertissement. La caution "éclectique" ne vous suffira pas ici. Même les plus aventureux/ses d'entre vous, les amoureux/ses du bizarre les plus chevronné.e.s peuvent penser à prendre leur chausse-pied pour rentrer dans l'univers de Government Alpha. Même si vous pensez avoir tout vu, tout entendu, notamment en matière d'extrême, mieux vaut tourner 6,66 fois votre langue avant de certifier que l'écoute de Affective Imagery sera une promenade de santé. Évidemment, si vous baignez dans ce genre iconoclaste qu'on appelle le harsh noise depuis des lustres, et que vous vous y sentez comme un fugu dans l'eau, vous n'êtes pas concerné.e.s par cette intro alarmiste. Cependant, je ne doute pas que vous faites partie d'une minorité (comme souvent dans les niches musicales). Pour ma part, malgré la diversité des artistes que mes oreilles fréquentent et la sévère opiniâtreté de certain.e.s, j'ai pris soin de m'armer d'une côte de maille ainsi que d'une grosse dose de patience pour affronter les méandres hallucinés de cet album (qui n'est pas spécialement court, je précise). Malgré tout, si mes premières écoutes m'ont placé dans la même position que les vrillés (afghans, notamment) interrogés douteusement à Guant Adamo, mon cerveau s'est progressivement bâti une carapace et s'est mis à accepter ces distorsions sans pitié et ces délires déstabilisants, puis à (commencer à) en discerner la cohérence et l'intérêt. Loin de moi l'idée de m'avouer vainqueur, car mes conclusions restent aussi approximatives que subjectives, mais l'essentiel est surtout d'avoir remarqué que les sessions successives (pas à la suite, un conseil) augmentaient mon attrait pour le projet. Poussé à l'extrême, ce raisonnement et cette démarche donnent la sensation d'être en mesure de pleinement apprécier ces shurikens auditifs, et d'adhérer au concept. Les conditions sine qua non pour valider ce constat sont à mon sens les suivantes :

1. Etre en pleine forme au moment d'entamer le parcours du combattant puis de revenir sur les lieux du crime. Inutile de vous risquer sur le bizarre un lendemain de fête trop rugueuse, à moins que vous soyez le président de la Société des Masochistes de Clermont-Ferrand (oui, la célèbre SMCF).

2. Se munir d'une ouverture d'esprit en béton armé, qui ferait passer Mike Patton pour un membre nonagénaire du Tea Party.

Une fois cette part du contrat rempli, il se peut que vous parveniez à vous épanouir au gré des vicissitudes d'Affective Imagery. Le maître de cérémonie a ponctuellement eu pitié de vous avec des "accalmies" comme "Sacred Tree", mais globalement il va vous falloir affronter les éléments déchaînés. Mettez-vous à la place du mâle de la mante religieuse et dites-vous bien que pour un moment de plaisir vous devrez également passer par l'étape "se faire bouffer le cerveau". Fermez les yeux. Allez hop c'est parti ! C'est comme pour les manèges à sensation, on fait pas le malin au moment de s'y coller, mais au final, on est content de l'avoir fait.
Ou pas.

Syl Alba

Avec cet extrait, vous allez vite être fixé.e.s... Cap ou pas cap ?

L'album se trouve chez Abhorrent Creation Tapes, dont voici également la page Facebook.

Celle de Government Alpha et de Xerxes est là.

Allez, bon ap' hein.
Et surtout... Bonne chance !