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Kataklysm - Victims Of This Fallen World (1998)

Publié par Syl Alba sur 27 Janvier 2019, 22:25pm

Catégories : #Albhatröss, #Classick

Kataklysm - Victims Of This Fallen World (1998)

1998/Hypnotic Records

 

Après avoir évoqué ma vision d'un album culte la semaine dernière avec les Boulonnais de Deviant Surgeons, je ne pourrai en trouver une meilleure représentation, du moins dans mon historique personnel, qu'avec l'album mis à l'honneur dans Trop du Culte ce week-end, à part peut-être le Pinkerton de Weezer. "Victims", comme on pourra facilement l'appeler, cumule en effet le statut de disque incompris et peu populaire et celui de vilain petit canard(ien) au sein de la discographie d'un groupe qui, lui, marche plutôt pas mal (pas loin de 500000 fans sur Facebook), le bien nommé (et mythique) Kataklysm. Les incontournables death-metalleux, compatriotes de Terrence et Philip, avaient frappé un grand coup avec leurs deux sorties inaugurales, Sorcery et Temple Of Knowledge (Kataklysm Part III), précédant le troisième album iconoclaste présenté ici, et après cette incartade ils ont remis la machine en route en empilant les parpaings les uns après les autres (treize full length au compteur à l'heure où nous parlons).

De toute évidence, Victims n'a pas rencontré un écho considérable, à sa sortie ou au cours des années qui ont suivi. Les amateurs de la toute puissance de Kataklysm ont peu goûté, dans leur grande majorité, l'éclectisme, la finesse, les road trips dans d'autres contrées musicales, les diverses expérimentations et les multiples transgressions dont recèle cet ovni de 1998, et qui ne sont pas en temps normal, il est vrai, l'apanage des cadors du brutal death, aussi riches leurs morceaux fussent-ils. D'ailleurs, pour ce qui est de proposer des compos où les idées pullulent et les riffs affluent en masse, Kataklysm s'est toujours posé là (je suis moins au fait de leurs dernières livraisons mais je doute fort qu'il se soit mué en fournisseur de métal plat et insipide). Victims ne fait pas exception : il regorge de plans magistraux, de structures ultra-intéressantes et de moments de bravoure. Seulement, il ne se contente pas de perpétuer la tradition, il s'aventure (et se perd pour certains) dans des zones interdites pour de nombreux metalheads peu portés sur ce qui sort un peu trop des sentiers battus et qui s'acoquine avec des univers jugés peu fréquentables.

Évidemment, si je vous dis que ces pionniers de l'extrême s'adonnent ici ponctuellement au hip hop, beaucoup d'entre vous souffriront soit de crises d'acné purulente soudaines, soit de crises de rire incontrôlables, ou au mieux ils resteront estomaqués et sans voix pendant quelques minutes. Il faut dire que Kataklysm a depuis rectifié le tir et ne s'est plus jamais, à ma connaissance, égaré. Ils ont même réenregistré cette exception culturelle pour, tout simplement, la brutaldeathiser : le terrain était propice, puisque les riffs, les accélérations et les hurlements étaient déjà là en premier lieu, le groupe ayant juste eu besoin de retirer les sonorités dérangeantes et les apports de certains instruments et de parfois gonfler le son pour atténuer les effets des expérimentations. On pourrait déplorer cette initiative, prise, on imagine, pour uniformiser la discographie des Canadiens. Néanmoins, quand on regarde le verre à moitié plein, on peut considérer que cela offre beaucoup plus de possibilités à cette sortie incomprise de toucher quelques die-hard fans de la formation.
D'un autre côté, Victims fut surtout une grande réussite grâce à toutes les hérésies (les trahisons ?), et (tenter d')effacer ces pérégrinations audacieuses, ou en tous cas de diminuer leur impact, dénature sérieusement cette oeuvre, pourtant majeure.

En quoi VOTFW est-il un album d'exception ? Tout d'abord, comme on l'a dit, ses créateurs sont des musiciens plus que compétents et inventifs, et ce 3ème opus ne déroge pas à la règle à l'époque, qui stipule que Kataklysm ne se déplace pas pour rien et se montre peu avare en riffs jouissifs et en morceaux marquants voire inoubliables. La grande différence ici avec le reste de leurs travaux, c'est le parti pris de faire cohabiter death meurtrier et hardcore : deathcore, qu'on a appelé ça à l'époque, pour évoquer cette dualité toute nouvelle à l'époque. S'il vous prenait l'idée d'écouter le cd (la première version) en ayant eu vent de cette notion de deathcore, ne soyez pas surpris ou déçu si vous ne voyez pas le rapport avec les Black Dahlia Murder, Job For A Cowboy, Whitechapel ou Carnifex : la raisin principale, c'est qu'il n'y en a pas (ou peu). Nous parlons ici du deathcore au sens premier du terme (qui a dit noble ?), à prendre uniquement au sens éymologique, death + hardcore. Pas de camion citerne rempli de testostérone renversé sur les douze pistes ici (même si pour le profane il s'agira forcément d'un metal déjà bien bodybuildé !). Attention, le "neo-deathcore" comme il aurait pu être nommé à son apparition vers la fin des 90's/début des 00's (aaah, Myspace, les premiers jets de JFAC, Conducting From The Grave ou Animosity, toute une époque) peut valoir son pesant de cacahuètes aussi, mais c'est juste comme comparer un documentaire sur les animaux les plus dangereux du Pérou (notamment les descendants de Bernard, Dali (?) et Serge) à la finale du SuperBowl : c'est peu pertinent. 

 

Le pire est à venir. En effet, si le blasphème s'était arrêté là, la seule conséquence malheureuse aurait été la scission entre les puristes et les aficionados de gras un peu plus ouverts sur l'éventuelle présence d'autres crèmeries, pardon, d'autres boucheries. Et le résultat aurait déjà été novateur (on peut en avoir une idée en écoutant l'album réenregistré), mais moins retentissant. Les mid-tempos et les saccades, dont allaient user et abuser la jeune garde les années suivantes jusqu'à en faire une marque de fabrique, constituaient déjà un élément plutôt singulier pour la période. Mais qu'est-ce que c'est que ces vocaux rappés ("Caged In"), ce violon digne du gigantesque Solar Lovers de Celestial Season ("I Remember"), cette intro trip-hop que n'aurait pas reniée un Portishead ("(God)Head"), ces claviers finaux et finauds (World Of Treason II), ces fréquents arpèges d'harmoniques (on est en 98, après tout, une autre vague s'est transformée en tsunami depuis quelques temps) ou globalement ces plages atmo (l'ensemble du skeud) ? Si on ajoute à tout cela l'omniprésence d'un autre binôme (sur fond de base death, le black est souvent mis à l'honneur, riffs mélodiques qui stagnent dans les aigus et chant criard possédé), force est de constater que ça commence à faire beaucoup à digérer. Mais croyez-moi, cela en vaut largement la peine. Si vous doutez de vos capacités à assimiler et apprécier ce melting-pot détonnant, rabattez-vous sur la deuxième version. Les growls abyssaux typiques remplacent le chant hybride growl-cris de colère, les fantaisies ponctuelles ont été gommées (snif) et l'exécution globale est de nouveau sans pitié. Vous vous retrouverez au pire avec un grand album de death. Si par contre vous vous sentez d'humeur pour une escapade un peu plus exotique, foncez dégoter cet objet unique (tellement, d'ailleurs, que je vous souhaite bien du courage) ou l'écouter et le télécharger sur le net. Vous aurez, à ce moment-là, la joie de découvrir un grand album.

Syl Alba

 

Je tente le tout pour le tout

Je me risque seulement sur l'album réenregistré en 2005

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